Nous avons tous constaté à quel point la pandémie de Coronavirus a chamboulé nos vies. Cependant, on peut aussi constater que la même situation n’a pas affecté tout le monde de la même manière. Car, beaucoup dépend de l’attitude que nous avons adoptée face à l’épidémie et au confinement.
Notre esprit réagit aux évènements menaçants en produisant du stress. Ce dernier nous pousse à nous protéger et à agir efficacement face au danger. Cependant, un stress exagéré et persistent devient un facteur de grand risque pour notre santé et, donc, pour notre bien-être. Ce ne sont donc pas uniquement les évènements, mais aussi la manière dont nous y réagissons, qui déterminent l’intensité et la durée du stress.
1. L’épidémie actuelle et le confinement qui en a résulté, ont été des facteurs de stress pour tout le monde. Personnellement, j’ai voulu y faire face de manière réfléchie. Par conséquent, je me suis fixé quelques règles et objectifs que j’ai suivis plus ou moins fidèlement. Cela m’a permis d’agir en toute lucidité, de ne pas avoir peur de la pandémie et, ainsi, de passer la période de semi-confinement en paix avec moi-même et avec les autres. Non seulement je ne me suis à aucun moment senti angoissé, mais j’ai aussi pu mettre à profit cette période pour en tirer un maximum de productivité dans mes activités habituelles. Je ne suis ainsi pas tombé dans le piège dans lequel s’est enlisé le président Trump, par exemple. J’ai appris incrédule via les médias de masse qu’il se fait administrer à titre préventif la chloroquine ou son dérivé, un traitement médical très controversé, afin de se protéger contre le Coronavirus. De plus, il se fait tester apparemment tous les deux jours. Qu’est que cela signifie ? Cela indique simplement le comportement d’un homme impulsif, qui a sous-estimé l’épidémie dans un premier temps, en s’enfermant dans une sorte de déni de réalité, et qui panique à présent, de peur d’être infecté par le virus. A cela s’ajoutent certainement ses soucis pour sa réélection au mois de novembre à la présidence des États-Unis, car, au train où vont les choses, ses chances s’amenuisent de plus en plus.
2. L’épidémie a créé une situation difficile sur laquelle je n’ai aucun contrôle personnellement. Cela a été mon premier constat. Comme par le passé dans des situations comparables, je m’en suis tenu au principe stoïcien de faire ce qui est dans mon pouvoir et de ne pas m’inquiéter pour le reste, savoir tout ce qui dépend des décisions des autres ou des circonstances incontrôlables. J’ai ainsi respecté strictement les consignes sanitaires et continue à le faire, car c’était la seule chose que je pouvais, et devais, faire pour protéger les miens et les personnes vulnérables avec qui je pouvais éventuellement entrer en contact. Je me suis interdit de m’inquiéter pour le reste, ce qui m’a évité la peur et l’angoisse, qui accompagnent généralement ce genre de situations.
3. Je me suis informé sur l’évolution de la situation tous les jours, mais en me limitant strictement aux informations fiables fournies principalement par des journaux sérieux, tout en contrôlant leur véracité en comparant les différentes informations et leurs sources. Ce faisant, je n’ai pas fait comme certaines personnes qui regardent la télévision et/ou écoutent la radio en continu. Une fois les informations nécessaires sur le virus obtenues au début de l’épidémie, il m’a suffi de peu de temps pour me tenir correctement informé sur l’évolution de la situation. De cette manière, j’ai évité de participer à la psychose générale, qui, pour une bonne part, est créé et entretenue par les médias de masse, en raison d’une avalanche d’informations alarmantes, anxiogènes et souvent contradictoires, véhiculées en boucle 24 heures sur 24.
4. Notre esprit ne connaît pas de repos. Il a besoin de pratiquer régulièrement des activités qui demandent de l’attention. S’investir avec attention dans des activités professionnelles et/ou celles qui relèvent de l’intérêt personnel (lecture, jeux de société, sports, etc.), est absolument salutaire pour l’esprit. Je sais par expérience que le fait de pouvoir diriger son attention vers quelque chose et la maintenir est indicateur de la bonne santé du corps et de l’esprit. Inversement, celle ou celui qui n’est pas capable de se concentrer sur une activité non routinière (car une activité routinière ne demande en principe pas d’attention, et nous l’exécutons ainsi souvent machinalement) doit se faire de sérieux soucis. Je ne peux que conseiller aux gens d’user de leur capacité d’attention, même lorsqu’il s’agit des activités répétitives et inintéressantes. De cette manière, nous conservons nos capacités mentales à moyen ou à long terme, tout en effectuant des activités simples et répétitives, qui sont devenues notre lot quotidien et ont vocation à nous appauvrir mentalement et émotionnellement.
5. Il faut aussi éviter de s’investir totalement ou de manière très prépondérante dans une seule activité, quelle que soit son intérêt personnel ou professionnel, car cela représente des risques psychosociaux élevés. Comme disait un grand philosophe antique, cela reviendrait à fixer son bateau avec un seul ancre. En effet, les circonstances peuvent changer soudainement et de telle manière, comme l’on l’a vu avec la pandémie actuelle, que l’activité devienne impossible ou soit profondément altérée. Il y a, en plus, le risque accru de passer à côté des autres choses importantes dans la vie, ainsi que celui de surmenage, d’exploitation par des employeurs et/ou supérieurs peu scrupuleux lorsqu’il s’agit d’une activité professionnelle, etc. Cela est valable pour toute activité ou tout projet. S’investir totalement dans une seule activité a, en plus, un énorme potentiel de conduire tout droit à l’appauvrissement intellectuel, à l’insatisfaction, à l’apathie, etc. Par conséquent, il convient de s’investir dans plus d’une activité significative ou d’importance, en choisissant surtout celles qui impliquent des challenges. Une telle diversification nourrit et soigne notre esprit, procure une conscience accrue du temps et de l’espace, renforce la confiance en soi et, finalement, donne une meilleure satisfaction de la vie.
Le fait de pratiquer diverses activités permet aussi de ne pas être accaparé totalement par des situations stressantes, comme par exemple celle qui résulte de l’épidémie actuelle. On diminue ainsi considérablement le stress. Lorsque l’on est submergé par le stress, les petits soucis deviennent une montagne, jetant petit à petit son ombre sur toute notre existence.
Durant cette période de semi-confinement, j’ai passé l’essentiel de mon temps libre à apprendre la langue de Goethe. J’avais déjà commencé cet apprentissage fin janvier, mais la période de confinement a été particulièrement productive. Ainsi, ai-je pu augmenter mon niveau de B1 à B2 selon le Cadre européen de référence pour les langues. Ce, en utilisant les livres de mes enfants, ainsi que les ressources disponibles sur Internet (journaux, discussions, livres audio, films, etc.). J’ai observé ainsi que cet apprentissage ou, plutôt, ce défi m’a fait énormément de bien d’une manière générale. C’était une activité qui avait du sens, et est vite devenue passionnante, car en lisant en allemand et en écoutant les discours des intellectuels germanophones sur YouTube, j’avais l’impression d’avoir mis les pieds dans un monde nouveau, vaste et fascinant. J’ai éprouvé de nouveau le même sentiment d’émerveillement que j’avais expérimenté durant ma jeunesse à chaque nouvel apprentissage d’une langue étrangère, qui m’ouvrait la porte d’une nouvelle culture. Ce, d’autant plus que je pensais par moments, encore début janvier, que je ne pourrais plus jamais apprendre une nouvelle langue, en raison de mon âge. C’était donc faux, car je ne suis plus très loin de maîtriser l’allemand, considéré généralement comme difficile.
Je suis évidemment très reconnaissant envers celles et ceux, dont le travail, l’engagement et le sacrifice ont rendu nos vies possibles durant cette période difficile. Je suis aussi reconnaissant à mon destin de m’avoir épargné beaucoup de maux jusqu’à présent. Mes pensées vont, en particulier, à celles et ceux, qui ont gravement soufferts de la pandémie.
L’épidémie et les mesures de confinement ne sont pas encore terminées, et personne ne peut prédire l’avenir. Je suis néanmoins confiant dans l’avenir, étant convaincu que l’homme n’est pas uniquement conduit par la folie. Il est aussi porteur d’ingéniosité et d’une bonneté extraordinaire, dont nous avons eu la preuve durant cette pandémie. S’il utilise ses meilleures qualités et ne cède pas à la peur, à l’indifférence et à la cupidité, véhiculées par le système économique capitaliste, le monde sortira plus fort et plus humain de la crise sociale et économique actuelle.